« Construire un feu »,
Jack London, Actes Sud.
Trente petites pages, comme autant de branchettes soigneusement posées, une à une, sur le brasier salvateur. « Il savait qu’il ne pouvait risquer un échec. Quand il fait soixante-quinze degrés sous zéro, on ne peut pas échouer dans sa première tentative de construire un feu. » L’auteur, Jack London, y parvient à merveille. Le ton, le rythme de l’écriture est précieusement calqué sur celui de l’aventure, au point qu’on frissonne, angoisse et espère, comme le protagoniste, avec qui l’on se ressaisit d’abords, avant de se résigner à notre tour…
Jack London, Actes Sud.
Trente petites pages, comme autant de branchettes soigneusement posées, une à une, sur le brasier salvateur. « Il savait qu’il ne pouvait risquer un échec. Quand il fait soixante-quinze degrés sous zéro, on ne peut pas échouer dans sa première tentative de construire un feu. » L’auteur, Jack London, y parvient à merveille. Le ton, le rythme de l’écriture est précieusement calqué sur celui de l’aventure, au point qu’on frissonne, angoisse et espère, comme le protagoniste, avec qui l’on se ressaisit d’abords, avant de se résigner à notre tour…
Quelque part dans le Yukon du Klondike, un homme téméraire s’aventure seul avec son « gros chien de traîneau indigène à la robe grise que rien, dans son aspect ni dans son caractère, ne différenciait de son frère le loup sauvage », faisant fi des précieux conseils du vieux sage de Sulphur Creek. L’homme sent – la morsure du froid sur son visage découvert, par exemple – mais la bête, elle, sait. « Son instinct lui parlait plus juste qu’à l’homme son jugement d’homme. » Mais l’homme s’entête.
Il s’enfonce dans le jour blanc et froid de l’hiver arctique, question de repérer pour le printemps suivant les possibilités de s’approvisionner en rondins. Une journée, écourtée. Une journée, pour rejoindre les siens, trente miles plus loin, en longeant le ruisseau gelé et, surtout, en prenant grand soin d’éviter les sources qui, elles, ne dorment jamais. Ces pièges vivants qui peuvent vous engloutir, à tout le moins un pied, sinon une jambe, avant de vous engourdir le corps entier. « Il regarda sa montre. Il était dix heures. » Il devrait être rentré pour dix-huit heures.
Mais « ce qui lui faisait défaut, c’était l’imagination. Il avait l’esprit vif et avisé quant aux choses de la vie, mais seulement aux choses, pas à leur signification. » L’expérience, grand maître par excellence, le lui apprendra.
Ce récit qui fut, dit-on, le livre de chevet de Lénine, constitue une envoûtante, invitante introduction à l’œuvre de Jack London (1876-1916), écrivain et journaliste qui figure parmi les plus lus et illustres auteurs de la littérature américaine.
Bonus : Dans le même désordre d’idées, on profitera du délicieux petit traité de Pascal Richet intitulé « Le feu : aux sources de la civilisation », aux Éditions Gallimard.