Après un mois en terre natale pour saluer le départ de grand-mère, retour au « pays des hommes libres. » Vraiment? Si tel étais le cas, y serais-je seulement revenu? Sans doute. Enfin, me voilà.
Retour à la cage départ donc, au quatrième étage d’une tour de dix. Heureusement, le toit reste accessible (sorry debbie!), un élément-clé de mon sursis, de ma survie urbaine. De là-haut, on peut certes contempler, consterné, la ville qui s’égare en mille et un buildings – autant de tours à bourreaux et loge-ments –, mais surtout se baigner – chaque soir pour ma part – dans la piscine à peine olympique, un dauphin encastré par le fond. L’héliport ne sert pas à grand-chose, comme tant d’autres choses. On pourrait y faire le ménage, puis un jardin. Au boulot!
Retour au quatrième donc. Mon logis? Trente mètres carrés. Grande fenêtre plancher-plafond avec vue imprenable : certes, deux tours lointaines et anonymes, mais surtout, un temple bouddhiste, splendide, cent mètres devant. En prime : trois grands arbres frémissants à portée de main, et une allée brodée de palmiers. Sans bien sûr oublier un des nombreux canaux de la ville qui passe ici à deux pas de chez moi : pollué et parcouru sans relâche par de longs bateaux-taxis, il n’irrigue rien d’autre que les quartiers ouvriers et commerciaux, véritables fourmilières de verre et de fer.
Sinon, toujours dans le même logis : petit balcon, grand lit, minuxcule salle de bain avec cinq sorties d’eau, bureau de travail encombré, armoire vide, frigo débordé, téléphone et prise câblée sans télé, etc. L’air conditionné fait de son mieux : je paie trois fois ce qu’il fournit d’air frais, quand je le fais ronronner – vu que, la fenêtre ouverte, c’est le sauna odorant, dehors comme dedans. L’air con comme on diminutif ici a au moins l’avantage d’étouffer les bruits diurnes de la rue et du couloir : jacassements bilingues, traînement de pantoufles et claquements de talons hauts dans le dernier cas; bagnoles, klaxons, télés, éclats de fer, de voix ou de mégaphone, et je ne sais quoi encore dans le premier. Dire que j’habite un coin « tranquille », à mi-chemin d’un cul-de-sac! J’ose pas imaginer les artères bondées, débordées. Bonté!
Et quand on sort de la tanière, du toit au rez-de-chaussée, en passant par les longs couloirs parsemés de plats salopés négligemment déposés aux seuils des proprets appartements, on trouve notamment : des portes doublement verrouillées équipées de serrures cadenassées, comme si on voulait vraiment chercher à pénétrer le monde de ces internés; des cages d’escaliers aérées encombrées de bouteilles vides – de l’eau-de-vie sans doute, et quelle vie!; deux restos immangeables, détenus par des…c’est ça…détenus; une buanderie, qui doit rentabiliser l’établissement tout entier, au prix de la brassée!; un dépanneur, vide, sinon de bières, chips et tabac; une salle Internet délabrée et un salon de coiffeuses; et une réception, au personnel court/ois et chaleureux (sick). Tout ce qu’il me faut, quoi (sick)! On peut même rencontrer quelques bourgeois chinois – les deux derniers étages sont de prix et qualité dix fois supérieurs aux inférieurs; des petits blancs tatoués et d’autres, plus grands, qui fixent le sol à défaut de toiser les passants; et ainsi de fuite. Passionnant (sic).
Avant de quitter, surtout, ne pas oublier le voisin d’à côté. George l’amerloque (surprise! c’est dans le dico! jeu de mot inclus!), soixante ans, rentier de Boston, librement installé depuis dix ans au pays, six dans la tour. Why? « It’s hot, here! It’s cheap…And the ladies! Men! » Avec bien sûr, donc, sa concubine thaïe, de trente ans son aînée; je le mentionne comme ça, pour situer, parce que j’ai rien contre puisqu’ils restent ensemble et doivent donc sûrement y trouver leur compte. Parlant compte, j’entends railler, dans le trop-plein sens du terne : « Five thousand bath! Today! » Quand c’est pas la télé qui gueule gravement ses si instructives, c’est le couple qui se lance aigrement, allègrement des insultes à tue-tête. « Serenity now! » comme disait Kramer avant de péter les plombs fin 2006.
Pour votre info, je mets le topo pas trop beau ni jojo, pour éviter les déceptions. L’envers de la médaille, avant la faim de la semaine.
Retour à la cage départ donc, au quatrième étage d’une tour de dix. Heureusement, le toit reste accessible (sorry debbie!), un élément-clé de mon sursis, de ma survie urbaine. De là-haut, on peut certes contempler, consterné, la ville qui s’égare en mille et un buildings – autant de tours à bourreaux et loge-ments –, mais surtout se baigner – chaque soir pour ma part – dans la piscine à peine olympique, un dauphin encastré par le fond. L’héliport ne sert pas à grand-chose, comme tant d’autres choses. On pourrait y faire le ménage, puis un jardin. Au boulot!
Retour au quatrième donc. Mon logis? Trente mètres carrés. Grande fenêtre plancher-plafond avec vue imprenable : certes, deux tours lointaines et anonymes, mais surtout, un temple bouddhiste, splendide, cent mètres devant. En prime : trois grands arbres frémissants à portée de main, et une allée brodée de palmiers. Sans bien sûr oublier un des nombreux canaux de la ville qui passe ici à deux pas de chez moi : pollué et parcouru sans relâche par de longs bateaux-taxis, il n’irrigue rien d’autre que les quartiers ouvriers et commerciaux, véritables fourmilières de verre et de fer.
Sinon, toujours dans le même logis : petit balcon, grand lit, minuxcule salle de bain avec cinq sorties d’eau, bureau de travail encombré, armoire vide, frigo débordé, téléphone et prise câblée sans télé, etc. L’air conditionné fait de son mieux : je paie trois fois ce qu’il fournit d’air frais, quand je le fais ronronner – vu que, la fenêtre ouverte, c’est le sauna odorant, dehors comme dedans. L’air con comme on diminutif ici a au moins l’avantage d’étouffer les bruits diurnes de la rue et du couloir : jacassements bilingues, traînement de pantoufles et claquements de talons hauts dans le dernier cas; bagnoles, klaxons, télés, éclats de fer, de voix ou de mégaphone, et je ne sais quoi encore dans le premier. Dire que j’habite un coin « tranquille », à mi-chemin d’un cul-de-sac! J’ose pas imaginer les artères bondées, débordées. Bonté!
Et quand on sort de la tanière, du toit au rez-de-chaussée, en passant par les longs couloirs parsemés de plats salopés négligemment déposés aux seuils des proprets appartements, on trouve notamment : des portes doublement verrouillées équipées de serrures cadenassées, comme si on voulait vraiment chercher à pénétrer le monde de ces internés; des cages d’escaliers aérées encombrées de bouteilles vides – de l’eau-de-vie sans doute, et quelle vie!; deux restos immangeables, détenus par des…c’est ça…détenus; une buanderie, qui doit rentabiliser l’établissement tout entier, au prix de la brassée!; un dépanneur, vide, sinon de bières, chips et tabac; une salle Internet délabrée et un salon de coiffeuses; et une réception, au personnel court/ois et chaleureux (sick). Tout ce qu’il me faut, quoi (sick)! On peut même rencontrer quelques bourgeois chinois – les deux derniers étages sont de prix et qualité dix fois supérieurs aux inférieurs; des petits blancs tatoués et d’autres, plus grands, qui fixent le sol à défaut de toiser les passants; et ainsi de fuite. Passionnant (sic).
Avant de quitter, surtout, ne pas oublier le voisin d’à côté. George l’amerloque (surprise! c’est dans le dico! jeu de mot inclus!), soixante ans, rentier de Boston, librement installé depuis dix ans au pays, six dans la tour. Why? « It’s hot, here! It’s cheap…And the ladies! Men! » Avec bien sûr, donc, sa concubine thaïe, de trente ans son aînée; je le mentionne comme ça, pour situer, parce que j’ai rien contre puisqu’ils restent ensemble et doivent donc sûrement y trouver leur compte. Parlant compte, j’entends railler, dans le trop-plein sens du terne : « Five thousand bath! Today! » Quand c’est pas la télé qui gueule gravement ses si instructives, c’est le couple qui se lance aigrement, allègrement des insultes à tue-tête. « Serenity now! » comme disait Kramer avant de péter les plombs fin 2006.
Pour votre info, je mets le topo pas trop beau ni jojo, pour éviter les déceptions. L’envers de la médaille, avant la faim de la semaine.