Antoine de SAINT-EXUPÉRY,
Courrier Sud,
Éditions Gallimard.
Jacques Bernis n’est pas rentré. De son poste à Cap Juby, Saint-Exupéry le narrateur veille. Sans relâche, il scrute la nuit, en quête d’une étoile qui en est deux fois une : l’avion et surtout, l’ami fidèle à son bord. « Un moteur grondait quelque part. De Toulouse jusqu’au Sénégal on cherchait à l’entendre. » Dans sa quête, patiente, c’est toute une vie qu’il raconte en l’espace d’une seule nuit; l’aventure d’un homme et, à travers lui, d’une humanité.
Bien avant les hommes, compressés dans les cabines pressurisées, c’est leurs pensées qu’ont fait voyager, comme des fées, ces oiseaux de fer que pilotaient Bernis. « Courrier précieux, courrier plus précieux que la vie. Oui, De quoi faire vivre trente mille amants…Patience, amants! » Au fil de l’histoire, tricotée serrée, sans fioriture, Saint-Ex révèle ainsi tout ce qui compte vraiment, ce qui unit les choses et les gens, ce qui donne un sens à la vie: le voyage et les sacrifices, le métier, l’amour, l’amitié…
Alternant judicieusement les impressions immobiles de l’attente et les souvenirs, immuables, de leur enfance commune, il nous ramène à la hauteur des choses, à la fois grandes et si petites, selon la perspective d’où on contemple. « La terre, de là-haut, paraissait nue et morte; l’avion descend : elle s’habille. » Entrecoupé des bref messages câblés entre les nombreux postes qui parsèment le trajet – Alicante, Agadir, Cisneros, Port-Étienne... –, autant de balises sur la route de ces pionniers des long-courriers transatlantiques, l’histoire dévoile et célèbre l’ordre des choses, même au travers du désordre apparent, et combien déchirant. Une leçon à la fois lourde et légère, qui laisse le lecteur suspendu aux lèvres, aux lignes de l’auteur : « Maintenant tu sais que ces richesses ne sont qu’offertes puis effacées, lavées par les heures comme par la mer. »
* Ce premier récit de Saint-Exupéry, mon auteur favori je l’avoue, nous invite à lire toute la série de ses écrits qui suivirent celui-ci, non seulement Le petit prince, mais également, notamment, Vol de nuit, Terre des hommes et Citadelle.
** « Daigne faire l’unité pour ta gloire, en m’endormant au creux de ces sables déserts où j’ai bien travaillé. » En effet. Antoine de Saint-Exupéry a disparu en vol, en mer, le 31 juillet 1944. Paix à son âme.
Courrier Sud,
Éditions Gallimard.
Jacques Bernis n’est pas rentré. De son poste à Cap Juby, Saint-Exupéry le narrateur veille. Sans relâche, il scrute la nuit, en quête d’une étoile qui en est deux fois une : l’avion et surtout, l’ami fidèle à son bord. « Un moteur grondait quelque part. De Toulouse jusqu’au Sénégal on cherchait à l’entendre. » Dans sa quête, patiente, c’est toute une vie qu’il raconte en l’espace d’une seule nuit; l’aventure d’un homme et, à travers lui, d’une humanité.
Bien avant les hommes, compressés dans les cabines pressurisées, c’est leurs pensées qu’ont fait voyager, comme des fées, ces oiseaux de fer que pilotaient Bernis. « Courrier précieux, courrier plus précieux que la vie. Oui, De quoi faire vivre trente mille amants…Patience, amants! » Au fil de l’histoire, tricotée serrée, sans fioriture, Saint-Ex révèle ainsi tout ce qui compte vraiment, ce qui unit les choses et les gens, ce qui donne un sens à la vie: le voyage et les sacrifices, le métier, l’amour, l’amitié…
Alternant judicieusement les impressions immobiles de l’attente et les souvenirs, immuables, de leur enfance commune, il nous ramène à la hauteur des choses, à la fois grandes et si petites, selon la perspective d’où on contemple. « La terre, de là-haut, paraissait nue et morte; l’avion descend : elle s’habille. » Entrecoupé des bref messages câblés entre les nombreux postes qui parsèment le trajet – Alicante, Agadir, Cisneros, Port-Étienne... –, autant de balises sur la route de ces pionniers des long-courriers transatlantiques, l’histoire dévoile et célèbre l’ordre des choses, même au travers du désordre apparent, et combien déchirant. Une leçon à la fois lourde et légère, qui laisse le lecteur suspendu aux lèvres, aux lignes de l’auteur : « Maintenant tu sais que ces richesses ne sont qu’offertes puis effacées, lavées par les heures comme par la mer. »
* Ce premier récit de Saint-Exupéry, mon auteur favori je l’avoue, nous invite à lire toute la série de ses écrits qui suivirent celui-ci, non seulement Le petit prince, mais également, notamment, Vol de nuit, Terre des hommes et Citadelle.
** « Daigne faire l’unité pour ta gloire, en m’endormant au creux de ces sables déserts où j’ai bien travaillé. » En effet. Antoine de Saint-Exupéry a disparu en vol, en mer, le 31 juillet 1944. Paix à son âme.