En gros et très grossièrement, la Thaïlande, c’est le Mexique, avec des bridés blanchis – forte pénétration chinoise aidant – en place et lieu des métis au teint basané. En effet (comme dirait le charismatique (sick) ministre français des affaires – comme quoi c’est avant tout des affaires, du commerce! – étrangères, Douste-Blasé) les Thaïs ne sont guère fervents du « bronzage », d’où une certaine discrimination à l’égard – que d’égards! – des minorités périphériques, plus foncées; oubliez ici les négros, ce serait d’une incongruité! Rassurez-vous toutefois : rien de raciste, la société thaïe se distinguant notamment par une remarquable tolérance.
Pourtant, vive la blancheur! Ça rappelle donc le Mexique de Mexico et ses énormes bourgeoises maquillées (certes plus maigres ici, et moins maquillées) comme si c’était chaque jour le mardi gras. Ou pire encore, une incertaine Afrique noire dite moderne, carrément affreuse d’ailleurs : à preuve, sur un panneau publicitaire égaré en plein désert nord-kenyan, de jeunes noirs pâlots rigolaient gorge déployée en se gavant d’un breuvage gazeux vraisemblablement désaltérant, la réclame suggérant aux passants de « Suivre leur soif » (patience et persévérance!); sur un autre panneau, retrouvé en plein cœur de la capitale Nairobi cette fois, une plantureuse (!?) mannequin (!) jadis noire, aujourd’hui plus blanche que Michael Jackson, soigne sa peau avec une sorte de tarte à la crème fouettée, question de « Rester jeune », et blanche (!).
De retour en Thaïlande, donc, où l’on fait ici aussi l’éloge de la pâleur sur les nombreuses pubs qui tapissent les murs (étrangement, « ça donne soudainement envie de pisser » d’ironiser mon double…). À croire qu’ils ont rencontré un fantôme – l’ex-PM Thaskin peut-être, toujours en exil londonien (j’y reviendrai aussi). À ce propos (les fantômes), notons que les Thaïs disposent pourtant tous de Chao Thi devant leurs maisons, sorte de temples miniatures – fort jolis, avec dorures, encens et bougies – sensés chasser les mauvais esprits et accueillir les bons pour la nuit. Proportionnelles à la demeure qu’ils protègent, certaines de ces « reproduction à l’échelle » peuvent atteindre des dimensions gigantesques, comme celui de l’université Burapha de Chonburi, de la taille d’une maison « normale ». Ça fait partie de l’adaptation thaïe populaire du bouddhisme, imprégné ici de superstitions.
Pour rester dans le côté symbolique, il est intéressant de noter qu’à chaque jour de la semaine est associé une couleur. C’est ainsi que, tous les lundis, trois Thaïs sur quatre s’habillent en jaune (une blouse, une chemise, ou encore l’un de ces polos dorés estampé de l’empreinte royal côté cœur; les fanatiques, plus rares, disposent mêmes de complets assortis). La raison : le roi Bhumipol, qui fête cette année ses soixante ans de règnes et ses quatre-vingts ans de vie, est né un lundi. Dans leurs nombreuses sorties publiques, les officiels du régime de transition exhibent toujours un brin de jaune – généralement la cravate –, question d’afficher leur allégeance au monarque dit Rama IX. À deux pas de chez moi, une famille survit d’ailleurs grâce à sa petite boutique de portraits royaux; il est en effet de bon ton d’avoir chez soi une image du roi, qui apparaît souvent un appareil photo à la main – car le roi est non seulement photogénique, mais un photographe génial de surcroît. C’est donc tout un pan complet de l’économie qui dépend du roi et, incidemment, de cette seule couleur jaune-or.
Pourtant, vive la blancheur! Ça rappelle donc le Mexique de Mexico et ses énormes bourgeoises maquillées (certes plus maigres ici, et moins maquillées) comme si c’était chaque jour le mardi gras. Ou pire encore, une incertaine Afrique noire dite moderne, carrément affreuse d’ailleurs : à preuve, sur un panneau publicitaire égaré en plein désert nord-kenyan, de jeunes noirs pâlots rigolaient gorge déployée en se gavant d’un breuvage gazeux vraisemblablement désaltérant, la réclame suggérant aux passants de « Suivre leur soif » (patience et persévérance!); sur un autre panneau, retrouvé en plein cœur de la capitale Nairobi cette fois, une plantureuse (!?) mannequin (!) jadis noire, aujourd’hui plus blanche que Michael Jackson, soigne sa peau avec une sorte de tarte à la crème fouettée, question de « Rester jeune », et blanche (!).
De retour en Thaïlande, donc, où l’on fait ici aussi l’éloge de la pâleur sur les nombreuses pubs qui tapissent les murs (étrangement, « ça donne soudainement envie de pisser » d’ironiser mon double…). À croire qu’ils ont rencontré un fantôme – l’ex-PM Thaskin peut-être, toujours en exil londonien (j’y reviendrai aussi). À ce propos (les fantômes), notons que les Thaïs disposent pourtant tous de Chao Thi devant leurs maisons, sorte de temples miniatures – fort jolis, avec dorures, encens et bougies – sensés chasser les mauvais esprits et accueillir les bons pour la nuit. Proportionnelles à la demeure qu’ils protègent, certaines de ces « reproduction à l’échelle » peuvent atteindre des dimensions gigantesques, comme celui de l’université Burapha de Chonburi, de la taille d’une maison « normale ». Ça fait partie de l’adaptation thaïe populaire du bouddhisme, imprégné ici de superstitions.
Pour rester dans le côté symbolique, il est intéressant de noter qu’à chaque jour de la semaine est associé une couleur. C’est ainsi que, tous les lundis, trois Thaïs sur quatre s’habillent en jaune (une blouse, une chemise, ou encore l’un de ces polos dorés estampé de l’empreinte royal côté cœur; les fanatiques, plus rares, disposent mêmes de complets assortis). La raison : le roi Bhumipol, qui fête cette année ses soixante ans de règnes et ses quatre-vingts ans de vie, est né un lundi. Dans leurs nombreuses sorties publiques, les officiels du régime de transition exhibent toujours un brin de jaune – généralement la cravate –, question d’afficher leur allégeance au monarque dit Rama IX. À deux pas de chez moi, une famille survit d’ailleurs grâce à sa petite boutique de portraits royaux; il est en effet de bon ton d’avoir chez soi une image du roi, qui apparaît souvent un appareil photo à la main – car le roi est non seulement photogénique, mais un photographe génial de surcroît. C’est donc tout un pan complet de l’économie qui dépend du roi et, incidemment, de cette seule couleur jaune-or.