dimanche 4 février 2007

Sin City

Sin City
Un film de Robert Rodriguez,
Inspiré de l’œuvre de Frank Miller,
2005.

Sin City. La vilaine ville des vils péchés. Imaginaire? Presque autant que Gotham City. Dans ce film riche en contrastes, tourné en noir et blanc comme si c’était chaque jour la nuit, seules les femmes, toutes fatales, transpirent de couleurs : la robe rouge d’une première victime, la chevelure rousse d’une amante, l’œil vif et verdoyant d’une jeune fille de joie…

Au cœur de ce décor envoûtant, sombre comme les personnages qui l’animent, trois histoires qui se croisent tour à tour. Hartigan (Bruce Willis), le policier vieillissant, qui protège la jeune Nancy (Jessica Alba) des lubies d'un pervers notoire. Marv (Mickey Rourke), l’indestructible colosse, marginal et sympathique, qui recherche activement les meurtriers de sa Goldie (Jaime King) bien-aimée. Et Dwight (Clive Owen) qui préserve « les filles » des excès de Jackie Boy (Benicio Del Toro), flic corrompu et alcoolique.

Pas de super héros dans ce monde fictif pourtant si réaliste. Que des hommes dotés d’une force de caractère hors du commun, critère indispensable pour survivre dans ce monde de fous, fous, fous…Exemple? Kevin (Elijah Wood), jeune homme troublé converti cannibale par la « grâce » d’un prédicateur illuminé, qui dévore et digère le « mal de l’âme » des filles de joie. Si de tels personnages, plongés dans une lourde atmosphère pluvieuse, font frissonner, on se surprend néanmoins à sourire aux nombreux clins d’œil du réalisateur. Comme le « poulet » Jackie Boy qui ne tarie pas de commentaires malgré sa tête tranchée…

Les saisissants jeux de lumières et de couleurs, de même que les effets spéciaux, sont le fruit d’une fructueuse collaboration avec K.N.B. EFX Group et Troublemaker Studios. Quant à l’enchaînement des scènes, presque enchevêtrées, il porte clairement le sceau de Quentin Tarantino, réalisateur judicieusement invité. Certes, l’œuvre à succès de Frank Miller dont s’inspire le film constituait un solide point de départ. Mais il s’agit-là ultimement, et ce sans l’ombre d’un doute, de la meilleure adaptation d’une B.D. au grand écran. À voir absolument.